DocsisL’arlésienne. Depuis quelques temps, tous les abonnés se demandent quand le couperet tombera ? La fin du réseau câblé français finira bien par arriver un jour… Nous avons mis un peu de temps à écrire à ce sujet, parce que ça fait quand même un petit quelque chose chez GC, même si avouons le, nous avons déjà fait un peu notre deuil…

Initiée dans les années 1980 avec le plan câble, cette technologie, d’abord cantonnée à la télévision puis à Internet aura été le mouton noir des télécommunications. La faute à un cadre juridique plus que bancal (plusieurs opérateurs se partageant le territoire), à une concurrence féroce des opérateurs ADSL dès le début des années 2000 ainsi que, surtout, des dirigeants n’ayant pas forcément une vision très claire des choses et proposant des tarifs élevés, pour des services parfois pas à la hauteur.

La fusion de presque tous les réseaux câblés français sous la houlette de Numericable et de Patrick Drahi aura été le point d’orgue, avant une chute qui semblait inéluctable. Numéricable, juste avant sa fusion avec SFR, était une machine à cash proposant une qualité de service qui s’était considérablement améliorée. LaBox de Numéricable a longtemps été une offre de référence de part les services qu’elle proposait au moment de sa sortie (multi-tuners, HD puis 4K, lecteur blu-ray extractible, wifi de qualité et surtout débits améliorés).

Mais après la fusion avec SFR, le poids d’une dette faramineuse et surtout la coexistence de deux réseaux (câble et fibre), la situation ne pouvait pas durer éternellement. Le réseau câblé a alors progressivement été mis de côté : les offres câble n’étant plus à la hauteur de la concurrence FTTH, la maintenance technologique du réseau a été réduite (sévèrement), la qualité d’image TV diffusée dégradée et les contenus proposés appauvris ou absents. Aujourd’hui, il n’est même quasiment plus possible de s’y abonner.

On peut comprendre SFR, qui est en passe de réussir la renégociation de sa dette grâce à un tour de passe-passe dont Patrick Drahi a le secret : contre 45% du groupe Altice, il efface 8,6 Md€ de dette et n’en garde « que » 15,5 Md€, avec une maturité jusqu’en 2033. Malgré cela, il reste indispensable de faire place nette pour améliorer les résultats, repartir à la conquête des clients et surtout, augmenter la marge et réduire les coûts.

Le réseau câblé ne constitue certainement donc plus qu’une variable d’ajustement dans l’équation… À ce jour, il représente moins de 600 000 abonnés dans le portefeuille global SFR, qui s’élève à 6,2 millions d’abonnés fixes. C’est un réseau vaste, qui coûte en exploitation et en maintenance, même si ses abonnés sont généralement sont plus rémunérateurs, d’autant plus que les frais de raccordement sont amortis depuis des lustres (c’est bien pour ça que SFR ne brusque quand même pas trop les choses…).

C’est ainsi que de nombreux abonnés ont reçu un mail ou un sms assez laconique expliquant que… « le réseau câblé ne serait plus exploité et que leur offre serait automatiquement résiliée fin 2025 ». On a connu mieux en accompagnement du changement.

Nous avons donc contacté SFR qui, pour une fois, nous a répondu !

En premier lieu, toutes les plaques ne sont pas concernées au 31 décembre 2025. Impossible de savoir lesquelles, ni quand, mais les plus importantes ne semblent a priori pas concernées. Nous pouvons facilement imaginer que SFR commencera par éteindre celles sur lesquelles le nombre d’abonnés est déjà faible : le risque commercial étant ainsi relativisé. Le Câble devrait donc encore résister (un peu) en 2026.

D’autre part, et c’est un point assez complexe à gérer pour SFR : le service antenne et les services type résidences étudiantes. Ces contrats sont pour le moment épargnés : la diffusion, à minima de la TNT et d’un service Internet est donc assurée pour les copropriétés et bailleurs sociaux qui ont signé des contrats à long terme avec SFR/Numericable, notamment Paris Habitat qui propose un service social Internet + TV à 1,53€ par mois (TPS+ ou Numerisun). On pense également à la diffusion pour certains hôtels, pour lesquels SFR réserve certains mux. Mais ça ne pourra pas durer éternellement. SFR a peut-être dans ses cartons un projet de support du service antenne via un convertisseur FTTH vers coaxial en pied d’immeuble ? Ou bien attend-il de savoir ce que l’ARCOM doit décider concernant le futur de la TNT, avec une hypothèse d’extinction envisagée en 2030… ?

Vous n’avez pas reçu de mail ou de sms ? Ne soyez donc pas inquiet (pour le moment). Vous avez reçu le fameux message ? Nous ne pouvons que vous encourager à anticiper au maximum !  Appelez SFR pour savoir si une offre peut vous être proposée en fonction de votre situation. Prudence cependant si jamais vous basculez d’un contrat FTTLa vers FTTH : de nombreuses portabilités du numéro fixe sont en échec, dans la mesure ou SFR propose souvent une résiliation de l’ancien abonnement et la création d’un nouveau. Et la portabilité de SFR vers SFR revient souvent de manière négative. C’est peut être aussi le moment de regarder ce que fait la concurrence : en effet, l’atout du câble était son offre TV. Aujourd’hui, elle est globalement identique à ce qui se fait ailleurs et la qualité d’image du câble est désormais en deçà de bien nombre d’autres opérateurs.

Viendra ensuite, une fois la mort du réseau prononcée, son démontage : les kilomètres de câble coaxiaux ont une certaine valeur pour SFR à la revente (comme Orange et son réseau RTC). Il est fort probable que SFR les démonte là où ils sont les plus accessible. Dans les immeubles, c’est moins sûr. À moins que Patrick Drahi trouve une autre solution permettant de générer du cash comme une revente à la découpe en fonction des zones ? L’avenir nous le dira !