Stéphane Richard se plait à la tête d’Orange et se verrait bien rempiler pour un nouveau mandat de quatre ans. L’actuel mandat de quatre ans a été reconduit en mai 2014 jusqu’en mai 2018. 18 mois avant la fin de ce mandat, quelle est la situation ?
Un nouveau mandat ?
Selon Alexandre Medvedowsky (un de ses lobbyistes et président d’une société de conseils en intelligence économique) : "
Il a envie de continuer, c’est la tendance naturelle d’un patron de se projeter au-delà de son mandat mais ce n’est pas d’actualité (…) Il ne se sent pas comme vivant son dernier mandat (…) Mais il n’est pas en campagne"
A ce jour, comme en 2014, il bénéficie du soutien de l’actuel Ministre de l’Economie "
il fait du bon travail et qu’il n’y a, a priori, pas de raison pour qu’il ne continue pas" (
Bfm, 14/12). Mais, après les présidentielles ? F.Fillon étant pour un désengagement assez rapide de l’Etat dans Orange et E.Macron jugeant que l’Etat devait continuer à jouer un rôle pour l’accompagnement du plan Très haut Débit.
Et l'affaire Tapie ?
Toutefois, une épée de Damoclès pèse au-dessus de lui : l’affaire Tapie ! Car Stéphane Richard a été mis en examen pour &@#%! en bande organisée et complicité de détournement de fonds public. Dans cette affaire, Christine Lagarde la Ministre de l’époque a été jugée coupable de négligence par la Cour de justice de la République (CJR). Stéphane Richard était son Chef de Cabinet et cette partie de l’affaire (non politique) devrait être jugée en 2018, c’est-à-dire dans la même période que la fin de son mandat.
Un concurrent ?
Toutefois, un concurrent pourrait surgir (
Le Monde, 08/02) : le directeur général de Bpifrance, Nicolas Dufourcq va faire son entrée au C.A. d’Orange afin de remplacer Jean-Yves Gilet. Le Monde précise, que Nicolas Dufourcq était contre le rachat en avril 2016 de Bouygues Telecom par Orange. BPI France détient 9,6% du capital. Le quotidien du soir indique que le nouvel entrant rêve de remplacer Stéphane Richard. Il est entré chez France Telecom en 1994 et a créé Wanadoo.
Quel actionnariat public ?
En attendant l’après-présidentielle pourrait aussi voir l’Etat poursuivre sa baisse de participation. C’est en tout cas le vœu de la Cour des Comptes, qui vient de publier un rapport (
La Tribune, 26/01) sur l'Etat actionnaire, la Cour des comptes écrit : "
La position d'actionnaire de référence d'Orange donne à l'État une influence supérieure à celle qui découlerait normalement de sa participation" et se demande si : "
la volonté des pouvoirs publics de préserver leur influence peut constituer un frein au développement de l'entreprise, en particulier sur le plan international ou pour les opérations de consolidation industrielle".
Et la Cour des Comptes renchérit (en référence au rachat avorté de Bouygues Telecom) : "
Il est loin d'être avéré que les avantages retirés par la sphère publique de sa participation l'emportent sur les inconvénients pour la stratégie de développement de l'entreprise et pour la consolidation industrielle du secteur. La réticence de l'État à voir sa participation diluée et son influence réduite peut, de ce point de vue, constituer un handicap pour l'avenir d'Orange".
Et donc logiquement : "
Les actionnaires publics peuvent réduire leur niveau de participation [dans Orange, Ndlr] en préservant l'essentiel de leurs droits de gouvernance, pour permettre la réalisation d'opérations industrielles impliquant des évolutions actionnariales".
2018, c'est loin !
D’ici là, le dossier judiciaire peut-il évoluer ? Le pouvoir politique aura lui aussi évolué , quant au paysage économique, il pourrait avoir vu une consolidation du secteur avec (pourquoi pas ?) l’entrée d’un Bolloré ou d’un Bouygues pour sceller l’achat d’un Bouygues ou la reprise de Canal+ et/ou de Telecom Italia.
Qui sera à même de conduire le futur d’Orange ? Réponses dans quelques mois.