Be In Sports en exclu sur CanalSat?
INTERVIEW - Bruno Lasserre, président de l'Autorité de la concurrence, est l'invité du « Buzz Média TDF-Le Figaro ».
Par Enguérand Renault
(Le Figaro)
     Le gendarme de la concurrence examine de près l'accord de distribution conclu entre Canal + et beIN Sports. Le résultat du test de marché arrivera à la fin de la semaine.
     LE FIGARO.- Canal + a conclu un accord de distribution exclusive avec beIN Sports. Allez-vous l'autoriser?
     Bruno LASSERRE. - Nous ne connaissons pas tous les détails de l'accord et avons posé des questions à Canal +. Nous recueillons aussi le point de vue des acteurs intéressés: les chaînes, les détenteurs de droits sportifs comme les ligues de football et de rugby. Mais aussi les fournisseurs d'accès à Internet, qui distribuent aujourd'hui beIN Sports et qui sont soucieux de la baisse d'attractivité que peut représenter la perte de cette chaîne pour leurs abonnés. Nous attendons les réponses au test de marché pour la fin de la semaine. Le CNC a souhaité également être auditionné. Les associations de consommateurs nous ont écrit. Enfin, nous avons demandé une expertise au régulateur de l'audiovisuel, le CSA, qui nous rendra un avis.
     Vivendi a hésité entre racheter beIN sports et nouer un accord. Vous ont-ils consulté en amont?
     L'entreprise a compris par elle-même qu'un rachat poserait de très sérieuses difficultés: elle a opté pour un accord de distribution. C'est une solution moins radicale et temporaire, car l'accord est conclu pour une certaine durée. Mais plusieurs questions restent entières: par exemple, l'offre de beIN Sports sera-t-elle toujours proposée en «stand alone» à 13 euros par mois ou désormais en couplage avec les offres de CanalSat? Sur le marché des droits sportifs, l'accord maintiendra-t-il l'incitation de beIN Sports à acheter ses propres droits sportifs pour alimenter la chaîne?
     Si Vivendi et beIN Sports s'allient, ils peuvent s'entendre pour éviter des surenchères dans l'achat des droits. Comment éviter cela?
     Nous avons des outils pour cela. Il est clair que si nous avions la preuve d'une entente entre les opérateurs pour se répartir les droits sportifs sans loyauté et sans certitude pour les appels d'offres, nous pourrions utiliser l'outil de la sanction.
     Avez-vous de meilleures relations avec Vincent Bolloré qu'avec Bertrand Meheut?
     Nous ne nous situons jamais sur le terrain personnel. Nous dialoguons avec des entreprises, pas avec des personnes. En ce qui me concerne, je privilégie toujours l'écoute. Les chaînes, Canal + comme les autres, doivent réinventer leur modèle économique face à un monde qui bouge, des modes de consommation qui évoluent, de nouveaux acteurs qui émergent: il faut passer du temps dans le cadre d'un dialogue apaisé à comprendre ces stratégies. Puis vient le temps de la décision, qui se nourrit de tous les points de vue recueillis. Sur ce dossier, comme sur les autres, la décision de l'Autorité se fera dans des conditions d'impartialité irréprochables.
     Canal + va mal. Allez-vous en tenir compte?
     Notre rôle est de veiller à ce que les choix stratégiques des entreprises préservent d'une part les intérêts des consommateurs et d'autre part la compétition aussi bien pour l'accès aux droits sportifs que pour la distribution des contenus. Tout en ayant conscience que nous avons besoin d'entrepreneurs vivaces dans les médias qui inventent, renouvellent et investissent. Une raréfaction de l'offre irait à l'encontre même de la dynamique concurrentielle qui est la seule à permettre des prix accessibles, à maintenir la qualité et à soutenir l'innovation.
     Patrick Drahi a racheté les droits du foot anglais. Va-t-il les distribuer exclusivement aux abonnés de SFR?
     Il n'a pas décrit dans les détails le modèle économique sur lequel il compte s'appuyer pour exploiter les droits qu'il a acquis. S'il est légitime que les fournisseurs d'accès Internet achètent des droits pour se différencier des concurrents, il faut aussi préserver la liberté du consommateur de choisir les contenus auxquels il veut accéder. Si un consommateur doit disposer de 3 box pour pouvoir regarder à la fois du tennis, du foot et du handball, vous conviendrez que cela pose un problème de rigidité et de coût, surtout s'il s'agit de contenus sportifs «premium».
<i>Je n'ai gardé que la partie de l'itw qui nous intéresse.</i>
Par Enguérand Renault
(Le Figaro)
     Le gendarme de la concurrence examine de près l'accord de distribution conclu entre Canal + et beIN Sports. Le résultat du test de marché arrivera à la fin de la semaine.
     LE FIGARO.- Canal + a conclu un accord de distribution exclusive avec beIN Sports. Allez-vous l'autoriser?
     Bruno LASSERRE. - Nous ne connaissons pas tous les détails de l'accord et avons posé des questions à Canal +. Nous recueillons aussi le point de vue des acteurs intéressés: les chaînes, les détenteurs de droits sportifs comme les ligues de football et de rugby. Mais aussi les fournisseurs d'accès à Internet, qui distribuent aujourd'hui beIN Sports et qui sont soucieux de la baisse d'attractivité que peut représenter la perte de cette chaîne pour leurs abonnés. Nous attendons les réponses au test de marché pour la fin de la semaine. Le CNC a souhaité également être auditionné. Les associations de consommateurs nous ont écrit. Enfin, nous avons demandé une expertise au régulateur de l'audiovisuel, le CSA, qui nous rendra un avis.
     Vivendi a hésité entre racheter beIN sports et nouer un accord. Vous ont-ils consulté en amont?
     L'entreprise a compris par elle-même qu'un rachat poserait de très sérieuses difficultés: elle a opté pour un accord de distribution. C'est une solution moins radicale et temporaire, car l'accord est conclu pour une certaine durée. Mais plusieurs questions restent entières: par exemple, l'offre de beIN Sports sera-t-elle toujours proposée en «stand alone» à 13 euros par mois ou désormais en couplage avec les offres de CanalSat? Sur le marché des droits sportifs, l'accord maintiendra-t-il l'incitation de beIN Sports à acheter ses propres droits sportifs pour alimenter la chaîne?
     Si Vivendi et beIN Sports s'allient, ils peuvent s'entendre pour éviter des surenchères dans l'achat des droits. Comment éviter cela?
     Nous avons des outils pour cela. Il est clair que si nous avions la preuve d'une entente entre les opérateurs pour se répartir les droits sportifs sans loyauté et sans certitude pour les appels d'offres, nous pourrions utiliser l'outil de la sanction.
     Avez-vous de meilleures relations avec Vincent Bolloré qu'avec Bertrand Meheut?
     Nous ne nous situons jamais sur le terrain personnel. Nous dialoguons avec des entreprises, pas avec des personnes. En ce qui me concerne, je privilégie toujours l'écoute. Les chaînes, Canal + comme les autres, doivent réinventer leur modèle économique face à un monde qui bouge, des modes de consommation qui évoluent, de nouveaux acteurs qui émergent: il faut passer du temps dans le cadre d'un dialogue apaisé à comprendre ces stratégies. Puis vient le temps de la décision, qui se nourrit de tous les points de vue recueillis. Sur ce dossier, comme sur les autres, la décision de l'Autorité se fera dans des conditions d'impartialité irréprochables.
     Canal + va mal. Allez-vous en tenir compte?
     Notre rôle est de veiller à ce que les choix stratégiques des entreprises préservent d'une part les intérêts des consommateurs et d'autre part la compétition aussi bien pour l'accès aux droits sportifs que pour la distribution des contenus. Tout en ayant conscience que nous avons besoin d'entrepreneurs vivaces dans les médias qui inventent, renouvellent et investissent. Une raréfaction de l'offre irait à l'encontre même de la dynamique concurrentielle qui est la seule à permettre des prix accessibles, à maintenir la qualité et à soutenir l'innovation.
     Patrick Drahi a racheté les droits du foot anglais. Va-t-il les distribuer exclusivement aux abonnés de SFR?
     Il n'a pas décrit dans les détails le modèle économique sur lequel il compte s'appuyer pour exploiter les droits qu'il a acquis. S'il est légitime que les fournisseurs d'accès Internet achètent des droits pour se différencier des concurrents, il faut aussi préserver la liberté du consommateur de choisir les contenus auxquels il veut accéder. Si un consommateur doit disposer de 3 box pour pouvoir regarder à la fois du tennis, du foot et du handball, vous conviendrez que cela pose un problème de rigidité et de coût, surtout s'il s'agit de contenus sportifs «premium».
<i>Je n'ai gardé que la partie de l'itw qui nous intéresse.</i>
Bouygues Fibre
Ex abonné câble (2000-2016)
TV Samsung 55"
Ex abonné câble (2000-2016)
TV Samsung 55"
Merci ! Intéressant comme interview.
Je retiens en particulier ceci :
Je retiens en particulier ceci :
Et j'espère que cette belle phrase sera appliquée dans tous les sens et pas seulement au profit de la volonté de Canal.…/…S'il est légitime que les fournisseurs d'accès Internet achètent des droits pour se différencier des concurrents, il faut aussi préserver la liberté du consommateur de choisir les contenus auxquels il veut accéder. Si un consommateur doit disposer de 3 box pour pouvoir regarder à la fois du tennis, du foot et du handball, vous conviendrez que cela pose un problème de rigidité et de coût, surtout s'il s'agit de contenus sportifs «premium».

- Letoss21000
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- Enregistré le : mer. 16 déc. 2015, 10:38
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