Numericable : le parquet classe l’affaire
Le conducteur de la voiture transportant le PDG de Numericable qui a renversé un manifestant le 16 février à Champs-sur-Marne ne sera pas poursuivi.
Source : Gilles Cordillot | Le Parisien :
http://www.leparisien.fr/seine-et-marne ... 441814.php
Alors que les vendeurs à domicile de Numericable entament leur troisième mois de grève, ils viennent d’apprendre le classement sans suite de la plainte déposée par leur collègue Patrick Bérol. Toujours hospitalisé dans une clinique de Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis), ce gréviste avait eu une jambe écrasée, le 16 février , par le véhicule transportant le PDG de Numericable, Pierre Danon.
L’accident avait eu lieu au siège de la société à Champs-sur-Marne.
«L’examen de cette affaire n’a pas permis de caractériser suffisamment l’infraction pour permettre d’engager la responsabilité pénale du ou des mis en cause… » C’est la teneur du courrier en date du 5 mars reçu par la victime, qui se dit profondément choquée, à la suite de sa plainte pour agression volontaire, délit de fuite et non-assistance à personne en danger déposée contre un cadre qui servait ce jour-là de chauffeur au PDG.
« Le délit de fuite n’est pas caractérisé »
Le conducteur ne s’était pas arrêté pour porter secours au blessé et la voiture avec les deux hommes à bord avait quitté l’enceinte de Numericable. Ce n’est que tard dans la soirée que Pierre Danon s’était rendu au commissariat de police de Noisiel pour y être entendu. La direction du câblo-opérateur assurera plus tard qu’aucun des deux hommes ne s’était aperçu que leur voiture avait causé un blessé.
Selon Jean-Louis Boyet, le procureur adjoint qui a classé l’affaire, « le conducteur n’a pas fait exprès de passer sur la jambe du gréviste. » « Le délit de fuite n’est pas caractérisé car tout le monde savait qui était dans la voiture et que ces personnes quittaient le siège, poursuit le magistrat. Quant à la non-assistance à personne en danger, elle ne tient pas car il y avait du monde autour du blessé pour lui venir en aide. »
Xavier Renou, membre du collectif altermondialiste les Désobéissants, qui a assisté à la scène se déclare scandalisé. « Nous ne sommes pas à égalité devant la justice. Patrick va redéposer plainte, mais cette fois au tribunal de grande instance de Meaux avec constitution de partie civile. Et si les voies judiciaires ne permettent toujours pas d’obtenir que justice soit faite, alors nous aurons recours à des actions non violentes pour parvenir à nos fins. »
« Je ne me sens plus français… Quand tout cela sera terminé, je vais essayer de changer de nationalité », lâche Patrick Bérol depuis son lit d’hôpital.
Daniel Guillaume, premier adjoint au maire de Champs-sur-Marne, annonce que Maud Tallet, la maire PC, s’apprête à intervenir auprès du procureur de la République à Meaux. « C’est un déni de justice », lâche l’élu.
« Nous dénonçons une justice de classes, poursuit-il. Il faut arrêter ça ! Quand nous avons reçu les représentants des grévistes en mairie, la question du juste traitement de cette affaire faisait partie des conditions pour que les vendeurs à domicile reprennent le travail. Nous sommes outrés ! »
La direction de Numericable réagit sobrement : « La décision a été prise. Nous en prenons acte. »
Un site occupé à Paris. Le conflit qui dure depuis deux mois, entre des vendeurs à domicile et la direction de Numericable, est dans l’impasse après le rejet, la semaine dernière, des propositions faites par cette dernière. Hier, des grévistes, salariés et anciens salariés, ont occupé les locaux du site de Paris XVe qui abrite les équipements techniques. Ces derniers permettent d’alimenter une partie de la capitale. La direction du câblo-opérateur a précisé que les salles où se trouve le centre névralgique n’ont pas été touchées.