Quelle régulation de l'ARCEP ?
Le but de l’ARCEP est d’accélérer les investissements afin de couvrir plus rapidement le pays en fibre optique. Sans donner de chiffres, Sébastien Soriano craint que les investissements soient moins importants et fait même la leçon aux opérateurs : "Je ne veux pas dicter leur stratégie aux opérateurs. Si Orange se développe dans la banque, et SFR dans les médias, c’est leur droit. Mais il ne faut pas se tromper de boussole. La 5G, par exemple, il faut la préparer dès aujourd’hui. Ma crainte, c’est que par effet de mode, les opérateurs télécoms soient moins focalisés sur les réseaux".
Dans son communiqué de presse, l’ARCEP : "prend acte et se félicite de l'effort d'investissement porté par Orange. Cette dynamique doit maintenant se généraliser à l'ensemble des acteurs du marché. L'autorité veillera, par son action, à prévenir tout comportement d'obstruction de la part d'Orange, soit vis-à-vis des autres opérateurs dans les investissements dans les réseaux FTTH, soit dans la migration des réseaux haut-débit vers les réseaux à très haut débit".
L’ARCEP veut aussi dynamiser le marché entreprise en renforçant le numéro deux SFR et favoriser les petits opérateurs pour Sébastien Soriano (Les Echos,10/01) : "La stratégie de Kosc, qui vient d’arriver sur le marché, est par exemple intéressante".
L’ARCEP avait déjà livré un premier document d’analyse le 21 juillet dernier et mettait en demeure Orange trois points :
"- en premier lieu, de fournir l'accès à ses infrastructures de génie civil de boucle locale dans les mêmes conditions aux opérateurs tiers et à ses propres services en ce qui concerne les processus et interfaces de commande d'accès aux infrastructures de génie civil sur le marché entreprise, d'ici le 30 septembre 2016 sur l'ensemble du territoire national ;
- en deuxième lieu, de respecter ses obligations de transmission d'informations trimestrielles relatives à l'accès à ses infrastructures de génie civil pour des déploiements de boucles locales optiques sur le marché entreprise, d'ici le 31 janvier 2017 ;
- en dernier lieu, de mesurer et de publier sur son site internet les indicateurs manquants relatifs aux commandes par Orange détail d'accès aux infrastructures de génie civil d'Orange pour le marché entreprise, d'ici le 31 octobre 2016".
De fait, l’ARCEP veut garder une locomotive sans que cela devienne un monopole : "Il y a une locomotive et nous ne voulons pas la freiner. En revanche, nous ne voulons pas de monopole. Il faut que la concurrence soit réelle" (Les Echos, 01/07). Orange va devoir certainement faire des concessions, mais la concurrence devra aussi montrer qu’elle est prête à investir dans le déploiement et arrêter de se cacher derrière l’excuse du « monopole ». Dans le cas contraire, Sébastien Soriano évoque l’augmentation desprix du dégroupage ADSL : "Je les invite à clarifier publiquement leurs intentions. Si les investissements ne sont pas au rendez-vous ou la migration ne se fait pas assez vite, nous pourrions passer à l’acte.".
Orange vent debout !
Suite à cette première mise en demeure, Stéphane Richard avait déclaré en septembre lors d’un colloque organisé par Les Echos : "Notre monopole a disparu il y a vingt ans, c’est débile d’agiter cet épouvantail (…) Dans les zones denses, les règles du jeu sont établies depuis longtemps : c’est la concurrence par les infrastructures, donc chacun fait les investissements qu’il doit faire (…) politiquement, c’est vraiment aujourd’hui un très mauvais dossier".
Lors d’une interview à La Tribune (23/06), Stéphane Richard avait anticipé et demandait : "une stabilité du cadre de régulation et du cadre fiscal. On ne peut pas demander à une entreprise de s'engager sur une période aussi longue et avec des moyens pareils si elle est à la merci d'un changement de régulation qui viendrait modifier son modèle économique".
Suite à la publication de ses orientations, Pierre Louette - directeur général délégué- dans une interview au quotidien Le Monde (10/01) rappelle : "Entre 2015 et 2018, nous aurons investi 4,5 milliards d’euros dans la fibre. Faut-il que l’on arrête ? Plutôt que d’évoquer notre supposé monopole, il faudrait plutôt parler des erreurs stratégiques et des errements de nos concurrents. Iliad s’est lancé dans la fibre en 2007 en même temps qu’Orange. Quand nous avons commencé à nous déployer dans les zones très denses, tout le monde pouvait le faire. SFR, qui a connu plusieurs actionnaires, a changé d’avis. Nous ne sommes pas responsables de l’impéritie de nos concurrents. Depuis, ceux qui le souhaitent, peuvent se rattraper. Iliad a cofinancé la construction de 5 millions de prises haut débit FTTH. Ceux qui ne l’ont pas fait sont évidemment très en retard".
Quel état du marché ?
Pour rappel et selon les derniers chiffres connus, voici les parts de marché sur le Ftth à fin septembre :
Orange compte 1,308k clients, soit 67,8% (66,9% au T2, 67,8% au T1) du total ARCEP. Depuis janvier 2014, Orange a gagné 988 000 clients sur le Ftth, 520 000 étaient de nouveaux clients, soit 52,6% (48% sur l’année 2014 et 47,7% sur 2015).
Free compterait 275k clients, soit 14,2% (14,2% au T2, 12,2% au T1).
SFR + autres par déduction, compterait 267k clients, soit 13,8% (14,9% au T2, 15,4% au T1).
Bouygues compte 91k clients, soit 4,7% (3,9% au T2, 4,5% au T1).
D’autre part, le nombre de lignes commercialisables par chaque opérateur (selon les chiffres des opérateurs). Pour Bouygues, il s’agit des lignes Fibre Optique. Pour SFR, ce sont celle de son réseau Ftth et câble, le tableau indique le % de lignes « câble » upgradé.
