Les consommateurs confrontés au cafouillage sur la fibre optique
Tandis que le gendarme des télécoms planche sur la réglementation du très haut débit, les FAI partent à l'assaut des immeubles pour installer leur fibre optique. L'UFC-Que Choisir appelle les consommateurs à la prudence.
Fibrer ou ne pas fibrer ? Plus d'un syndic d'immeuble se pose aujourd'hui la question. Car dans les grandes villes, de nombreuses copropriétés sont démarchées depuis des mois par des opérateurs souhaitant y installer gracieusement leur fibre optique, de manière plus ou moins cavalière. Bien que la perspective du très haut débit, à 50 Mbit/s, voire à 100 Mbit/s, soit des plus attrayantes, l'association de consommateurs UFC-Que Choisir les met aujourd'hui en garde : elle conseille aux copropriétés de « ne pas se précipiter et d'attendre une clarification de la législation avant d'accepter l'installation de la fibre dans leurs habitations ». Un avertissement lancé à la suite des demandes d'information qui ont afflué cet été à l'association, de la part de syndics désorientés.
En effet, le déploiement de la fibre optique dans les villes n'est encore soumis à aucune réglementation. Ce qui explique la foire d'empoigne que se livrent actuellement les opérateurs, pour être les premiers à mettre leur « coup de piolet » dans les immeubles, sans obligation ni contrainte.
Mais sans réglementation, les premiers arrivés risquent d'être les seuls servis : les installations sont coûteuses et complexes, et seul un partage avec un autre FAI de la fibre déjà installée permettra aux habitants de l'immeuble de profiter d'une concurrence. « Il faut également que les équipements soient normalisés, pour être sûrs que d'autres opérateurs pourront fournir leurs services dans l'immeuble », souligne-t-on à l'UFC-Que Choisir.
Partager les équipements
L'Arcep, le gendarme des télécoms, travaille justement très activement à cette réglementation. Il a clos ce week-end deux consultations publiques lancées cet été, pour recueillir l'avis des différents acteurs sur la manière de « partager » les derniers mètres de fibre et pour recenser les infrastructures déjà existantes. France Télécom possède par exemple entre 300 000 et 350 000 km de fibre dans l'Hexagone. Il devra donc nécessairement les louer à ses concurrents, ainsi qu'il loue ses fils téléphoniques dans le cadre du dégroupage ADSL.
Les opérateurs plaident leur cause pour tenter de faire pencher la réglementation en leur faveur. Ainsi, l'association des opérateurs alternatifs, l'Aforst, craint que la future obligation de mutualisation des infrastructures de France Télécom ne se limite à ses fourreaux et non aux fibres qu'ils contiennent. De son côté, l'opérateur historique réclame le partage de tous les fourreaux (Numericable détient, par exemple, 60 000 km de fibre) et pas seulement les siens. En attendant que l'Arcep rende ses conclusions, les FAI fibrent à tout va et commercialisent leurs offres en toute liberté, comme Orange, Neuf, Free ou Numericable.
Du 100 Mbit/s pour tous !
A contre-courant des conseils de prudence de l'UFC-Que Choisir, un collectif baptisé « Très haut débit pour Tous » réclame tout simplement un « droit à la fibre » pour tous les Français, afin de faciliter le déploiement de la fibre dans les habitations.
Calqué sur le « droit à l'antenne » obtenu en 1966 pour que tout citoyen puisse recevoir la télévision, il permettrait à n'importe qui de demander aux copropriétaires de son immeuble de donner mandat à un opérateur pour installer de la fibre optique. « Actuellement, il faut une majorité à l'assemblée de copropriété pour que ce soit accepté. Grâce au droit à la fibre, un seul habitant pourrait en faire la demande. Son syndic aurait alors trois mois pour s'y opposer, en saisissant le tribunal de grande instance, explique Hervé Le Roy, un des membres du collectif. L'intérêt est de rendre le très haut débit accessible aux particuliers le plus vite possible. »
Outre Jean-Michel Billaut, célébrité de la blogosphère, la plupart des membres fondateurs de ce collectif travaillent... pour des opérateurs télécoms. De quoi entacher quelque peu leur discours. « Absolument pas. Nous savons justement de quoi nous parlons et nous militons également pour la mutualisation des infrastructures. Ce qui ne va pas toujours dans le sens des opérateurs... », rétorque Hervé Le Roy
Julie de Meslon , 01net., le 09/10/2007 à 19h55