La France dit oui au WiMAX

[fernandn]

Source : www.grenouille.com http://forums.grenouille.com/index.php?showtopic=101329

Qu’est-ce que le WiMAX et comment ça fonctionne ?
WiMAX est le nouveau nom « sexy » donné à la Boucle Locale Radio, la fameuse « BLR ». C’est une technologie qui permet d’offrir des connexions Internet à haut débit en passant par les ondes radio (norme802.16e, bande de fréquences : 3,5 Ghz). En pratique, un réseau WiMax est constitué de stations émettrices installées en hauteur dans une commune, un département ou tout autre lieu. On les appelle les « stations de base ». Pour capter le signal, il suffit de s’équiper d’une antenne spécifique et de l’orienter vers l’une de ces stations. Fini la ligne téléphonique ! L’intérêt ? Pouvoir surfer à haut débit même quand on habite en « zone blanche ». Vous savez, ces zones non couvertes par l’adsl ni par aucune autre solution alternative. Et oui, même en 2007, tout le monde n’a pas encore l’Internet rapide et permanent à la maison.

Une solution pour éradiquer les « zones blanches ? »
Des efforts ont bien été menés, à l’image du plan « Haut Débit pour Tous » lancé par France Télécom en 2003. Ce plan a permis d’étendre la couverture ADSL à 13 000 répartiteurs téléphoniques (NRA), soit 98,3% de l’ensemble des lignes téléphoniques du territoire. C’est bien et c’est beaucoup mais c’est sans doute insuffisant au regard des 16 000 et quelques communes qui restent des oubliées de l’adsl. Pire, un bon millier d’entre elles n’y auront sans doute jamais accès faute d’équipements FT à proximité. Pour ces villes mais aussi pour les départements et régions qui y voient une « fracture numérique », le WiMAX apparaît alors comme l’une des solutions pour mettre un peu de couleur dans ces « zones blanches ». Beaucoup n’ont d’ailleurs pas hésité à investir massivement pour y parvenir. Mais avant d’aller plus loin, petit flash-back.

Retour an arrière : 2006, l’ARCEP attribue les licences régionales
En France, qui dit ondes radio dit souvent licences. Formulé autrement : tout organisme ou entreprise qui veut utiliser des fréquences doit obtenir une autorisation sous la forme d’une licence…et payer une redevance. Les premières attributions ont eu lieu en 2000. Quatre ans plus tard, il ne restait plus qu’un seul opérateur actif sur les sept du départ : Altitude Télécom, détenteur d’une licence nationale. Pour relancer le déploiement du WiMAX, le gouvernement décide alors d’attribuer de nouvelles licences. C’est chose faite en juillet 2006 : l'Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes (ARCEP) en attribue 49, soit 2 pour chacune des 22 régions métropolitaines, 2 en Guyane et 3 à Mayotte. France Telecom en obtient 2, une à Mayotte et l'autre en Guyane. Près de 15 mois plus tard, qu’en est-il exactement ?

Les collectivités territoriales (re)mettent la main à la poche…
En 2004, elles avaient déjà investi plus de 800 millions d’euros pour déployer 13 000 Kms de fibre optique. Deux ans plus tard, les collectivités locales (agglomérations, départements et régions) continuent d’investir et lancent de nombreux projets ouverts aux opérateurs. Les chiffres sont éloquents : 448 millions d’euros sont investis pour couvrir les zones blanches, créer des liaisons avec un réseau de collecte existant ou à venir, apporter le très haut débit aux zones d’activité, aux services publics ou particuliers. Le tout à base de technologies alternatives comme le CPL et, bien sur, le WiMAX. Depuis, les collectivités continuent d’investir pour accélérer le mouvement. A l’image de la Seine-et-Marne qui finance un projet de 74,4 millions d’euros pour déployer 1101 Kms de fibre et 14 sites WiMAX. Horizon de mise en service ? Fin 2008.

Et deviennent parfois des opérateurs télécoms
Certaines collectivités vont même jusqu’à devenir opérateurs de télécommunications. Permise par la Loi pour la Confiance en l’Economie Numérique (LCEN) de 2004, cette nouveauté les autorise à utiliser les Délégations de Service Public (DSP) pour déployer leurs propres infrastructures. Le principe : déléguer la construction, l’exploitation, la commercialisation et la maintenance d’un réseau à un acteur privé qui finance l’opération en partie. Ce qui revient à refiler le bébé et une partie de la facture à une entreprise dont c’est le métier. Attractif, n’est-ce pas ? Axione, filiale d’ETDE (Bouygues Construction), gère ainsi 9 DSP pour le compte de régions, agglos ou départements. Citons notamment le Limousin, Pau Pyrénées, Quimper, les communautés du Havre (ville de Gonfreville-L'Orcher) et le Maine-et-Loire. Et c’est pas fini.

2008 : l’année du WiMAX
Signalons par exemple la Charente Maritime dont la DSP prévoit d’offrir le haut et le très haut débit à tout le département au printemps 2008. Au programme, 155 Kms de fibre assortis d’une boucle locale WiMAX pour un montant total de 57 millions d’euros. Sans oublier la Sarthe, la Nièvre et la Loire qui ont récemment contracté avec Axione. Et pour clore le « chapitre » des collectivités et leurs DSP, on peut aussi souligner l’association Conseil Général du Loiret / LD Collectivités qui va déboucher, cet automne, sur le lancement d’offres à 2Mb/s sur tout le département. Ou encore le couple département du Haut-Rhin / Haut-Rhin Télécom dont l’union va permettre de couvrir 99% des habitants grâce à 36 stations de base et 440 Kms de fibre. Et ces projets ne sont pas les seuls. A côté des collectivités qui versent désormais dans l’aménagement numérique des territoires, on trouve en effet les opérateurs et, à leur tête, un Altitude Télécom (groupe Iliad) plutôt actif.

Altitude Télécom sur tous les fronts
Souvenez-vous, Altitude Télécom est le seul à avoir une licence nationale. Via sa filiale Altistream, c’est surtout le premier opérateur WiMax tout court. Altistream possède en effet 13 licences régionales : Alsace, Auvergne, Basse-Normandie, Bourgogne, Centre, Champagne-Ardenne, Franche-Comté, Haute-Normandie, Lorraine, Midi-Pyrénées, Nord-Pas-de-Calais, Pays de la Loire et Rhône-Alpes, A l’heure actuelle, les départements du Calvados, de l’Eure, de l’Orne et de la Vendée sont annoncés comme bénéficiant du WiMAX. Ca paraît peu mais une fois encore, la donne devrait changer en 2008. Dans les tuyaux : les Deux Sèvres avec un réseau annoncé pour septembre 2008 et couvrant 97% de la population située en zone blanche, le Grand Rodez où l’opérateur va couvrir 19 zones d'activités, l'Aveyron qui se lance à son tour dans l’aventure, etc.

Mais au fait, ça porte loin le WiMAX ?
Collectivités locales, DSP, « pure players », projets à foison… On l’aura compris, 2008 s’annonce clairement comme l’année du WiMAX. A l’heure ou nous écrivons ces lignes, Bolloré Télécom, détenteur de 12 licences régionales, et Free (Iliad) expérimentent même du WiMAX mobile à Paris 15ème. C’est dire ! Pourtant, quelques ombres semblent noircir un peu le tableau. A commencer par la portée du WiMAX qui pourrait ne pas tenir toutes ses promesses. En pratique, la météo et le paysage naturel peuvent en effet limiter la couverture radio : entre 12 et 19 Kms contre les 20 voire 50 annoncés. Un son de cloche confirmé à demi-mots par le responsable NTIC du Conseil Général d’Eure-et-Loir qui vient par ailleurs de repousser la mise en place de ses 6 antennes HDRR à cause...d'un retard de livraison. Mais, c'est promis, tout sera prêt pour juin 2008. En attendant, le Conseil Général s'apprête à installer, en partenariat avec France Télécom, de nouveaux répartiteurs pour couvrir certaines zones d'ombre. Nom de code : les NRA-ZO.

-- Un dossier de la rédaction Grenouille.com / Darcy :: Octobre 2007 --

Sources et liens utiles
- WiMAX, la présentation de Wikipédia
- CPL et BLR par Wikipédia
- L'ARCEP
- Le plan Haut débit pour tous

Les opérateurs et délégataires de service public
Altitude Télécom
Axione
Bolloré Télécom
EDTE Télécom
France Télécom
Haut-Rhin Télécom
LD Collectivités

[fernandn]

Je participe de temps en temps au forum de la Grenouille et souvent j'y vois des liens vers GC et rarement l'inverse ! C'est chose faite avec cet article !